En 1723, SAVARRY DES BRUSLON fait mention pour la première fois du nom de « CHAT DES CHARTREUX »
dans le DICTIONNAIRE UNIVERSEL DU COMMERCE D’HISTOIRE NATURELLE ET DES ARTS ET METIERS ».
Il s’agit d’un ouvrage technique destiné aux commerçants. Il y est indiqué ce qui suit :
« Chartreux – le vulgaire : nommé ainsi une sorte de chat qui a le poil tirant sur le bleu.
C’est une fourrure dont les pelletiers font négoce ».
En 1753, « LA GRANDE ENCYCLOPEDIE » comporte à l’article « Chartreux », la définition suivante :
« CHARTREUX : Sorte de chats dont le poil est d’un gris cendré tirant sur le bleu.
C’est une des peaux dont les pelletiers font négoce et qu’ils emploient dans les fourrures ».
Enfin, « LE DICTIONNAIRE RAISONNE ET UNIVERSEL DES ANIMAUX » paru en 1759 nous indique :
« On nomme à Paris, CHAT CHARTREUX, ceux qui sont entièrement de couleur cendrée ».
En 1756, le grand naturaliste BUFFON, décrit le Chartreux comme une race de chat différente du chat Européen et du chat Angora.
La description est longue et minutieuse.
L’ouvrage de BUFFON comprend des planches figurant LE CHAT DES CHARTREUX.
La planche consacrée au Chat des Chartreux, comparée avec celles figurant les autres races
montre un animal un peu plus court que le chat domestique avec une tête à nez droit et sans stop,
avec un poil un peu plus long que celui du chat domestique et à caractère laineux.
la queue est portée droite et pointue du bout.
A la même époque, PERRONNEAU peint Magdaleine Pinceloup de la Grange avec son Chartreux.
Dans l’édition de 1832, les planches sont en couleur.
Le CHAT DES CHARTREUX est gris bleu ardoise soutenu, l’œil est de couleur jaune.
Après BUFFON, on trouve de très nombreuses descriptions du CHAT DES CHARTREUX dans tous les ouvrages traitant de Sciences Naturelles.
L’animal continuait à vivre en France et à être utilisé pour la pelleterie, le Dr BEAUREGARD dans son livre « NOS BÊTES » (1896), écrit :
« Après sa mort, son pelage est utilisé de diverses manières…
celle du CHAT DES CHARTREUX est vendue comme « PETIT GRIS », rasé à mi-poils et teinte, elle est donnée comme fourrure de loutre ».
Heureusement, au début du 20ème Siècle, on allait commencer à s’intéresser à ce chat pour des motifs moins utilitaires
et l’élevage du CHARTREUX comme animal de compagnie allait commencer.
Colette l’écrivain, possédait plusieurs Chartreux et fit d’un de ses chats « SAHA » l’héroïne de son livre « LA CHATTE » où elle lui consacra quelques superbes descriptions:
« Le soleil jouait sur son pelage de chatte des chartreux, mauve et bleuâtre comme la gorge des ramiers ».
« Il lui dédia rapidement quelques litanies rituelles qui convenaient aux grâces caractéristiques et aux vertus d’une chatte dite des Chartreux, pure de race, petite et parfaite… Mon petit ours à grosses joues… Fine… Fine chatte … Mon pigeon bleu… Démon couleur de perle… »
Colette a écrit dans: "Les vrilles de la vigne", en parlant de sa chatte Saha :
« A fréquenter le chat, on ne risque que de s’enrichir.
Serait-ce par calcul que depuis un demi-siècle je recherche sa compagnie ? »
Le Général de Gaulle, sur la fin de sa vie, eut un Chartreux, « Ringo de Balmalon »
qu’il appelait « Gris-gris ».